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  • JOURNAL OF FUNCTIONAL VENTILATION AND PULMONOLOGY Journal de la Fonction Ventilatoire et de Pneumologie VOLUME 14 - ISSUE 43

    Last Updated: 29/06/2023

    Ouagadougou Smoking Cessation Unit: Who are the women seeking help?

    Unité de sevrage tabagique d’ Ouagadougou: Qui sont les demandeuses d’aide?

    Ouédraogo G.1,2, Bougma G.1,3, Boncoungou K.1,2, Kunakey E.1,2, Ouédraogo A.R.4, Ouédraogo J.3, Zida D.5, Minoungou J.C.4, Badoum G.1,2, Ouédraogo M.1,2

    1: Unité de sevrage tabagique du centre hospitalier universitaire Yalgado Ouédraogo, Ouagadougou, Burkina Faso

    2: Service de pneumologie du centre hospitalier universitaire Yalgado Ouédraogo, Ouagadougou, Burkina Faso

    3: Service de médecine du centre hospitalier régional de Kaya, Kaya, Burkina Faso

    4: Service de médecine du centre hospitalier régional de Dori, Dori, Burkina Faso

    5: Service de pneumologie, centre hospitalier universitaire de Tengandogo, Ouagadougou, Burkina Faso

    Corresponding author: 

    BOUGMA Ghislain, S/C 01 BP 170 Ouaga 01.

    E-mail: bougmaghisso@yahoo.fr

    DOI: 10.12699/jfvpulm.14.43.2023.54

    ABSTRACT

    Introduction. This study was conducted to describe the profile of women smokers seen at the Ouagadougou tobacco cessation unit (USTO).

    Material and Method. This was a cross-sectional, descriptive study that took place at the USTO. It concerned female users of tobacco in smoked form, received from 05 May 2017 to 05 May 2021. The data were collected from the "tobacco consultation files".

    Results. Out of 1139 help seekers received, 24 were women (2.10%). They had a mean age of 39.25 ± 13.52 years [18- 64 years]. A level of education equivalent to secondary school was found in 41.66% of them. The pathological history was dominated by hypertension (7/24; 29.16%). Anxiety and depression symptoms were found in 50% (12/24) and 33.33% (8/24) of the latter respectively. The average age of smoking initiation was 18.03 ± 4.99 years [12-30 years]. They consumed 13.65 ± 5.65 sticks per day [5-30 sticks] on average. Manufactured cigarettes were the most commonly consumed (22/24; 91.67%). Nicotine dependence was high in 25.00% (6/24) and motivation to quit smoking was very good in 54.17% (13/24) of the users. The average weekly cost of smoking was 3139.52±1971.43 CFA francs [200 to 7500 CFA francs]. Most of them (10/24; 41.67%) had a monthly income ranging from 30 684 to 100 000 CFA francs.

    Conclusion. The women seeking help were mostly young, educated, anxious adults with a history of cardiovascular disease and a modest socioeconomic level.

    KEYWORDS: Female smoking; Smoking cessation unit; Ouagadougou; Burkina Faso.

    RÉSUMÉ

    Introduction. Cette étude a été menée dans le but de décrire le profil des fumeuses reçues à l’Unité de Sevrage Tabagique de Ouagadougou (USTO).

    Matériel et Méthode . Il s’est agi d’une étude transversale, descriptive qui s’est déroulée à l’USTO. Elle a concerné les consommatrices de tabac sous forme fumée, reçues du 05 Mai 2017 au 05 Mai 2021. Les données ont été collectées à partir des « dossiers de consultation de tabacologie ».

    Résultats . Sur 1139 demandeurs d’aides reçus, 24 étaient des femmes (2,10%). Elles avaient un âge moyen de 39,25 ans ± 13,52 [18- 64 ans]. Un niveau d’étude équivalent au secondaire était retrouvé chez 41,66% d’entre elles. Les antécédents pathologiques étaient dominés par l’hypertension artérielle (7/24 ; 29,16%). Des symptômes d’anxiété et de dépression certaines étaient retrouvés respectivement chez 50% (12/24) et 33,33% (8/24) de ces dernières. L’âge d’initiation au tabac était en moyenne de 18,03 ± 4,99 ans [12 - 30 ans]. Elles consommaient 13,65 ± 5,65 bâtons par jour [5-30 bâtons] en moyenne. La cigarette manufacturée était la plus consommée (22/24 ; 91,67 %). La dépendance nicotinique était forte chez 25,00% (6/24) et la motivation d’arrêt du tabac très bonne chez 54,17% (13/24) des consommatrices. Le coût hebdomadaire moyen du tabagisme était de 3139,52±1971,43 francs CFA [200 à 7500 francs CFA]. Elles avaient pour la plupart (10/24 ; 41,67%) un revenu mensuel allant de 30 684 à 100 000 francs CFA.

    Conclusion. Les demandeuses d’aide sont pour la plupart des adultes jeunes, instruites, anxieuses, avec des antécédents cardiovasculaires, et un niveau socioéconomique modeste.

    MOTS CLÉS:  Tabagisme féminin; Unité de sevrage tabagique; Ouagadougou; Burkina Faso

    INTRODUCTION

    Parmi les défis actuels auxquels se trouve confrontée la communauté internationale, le tabagisme occupe une place importante. Le tabac fait plus de 8 millions de morts chaque année. Plus de 7 millions d’entre eux sont des consommateurs ou d’anciens consommateurs, et environ 1,2 million des non-fumeurs involontairement exposés à la fumée [1]. Tandis que dans les pays industrialisés on constate un déclin de ce qu’on a appelé « l’épidémie du tabac », les observations montrent un accroissement de la consommation de tabac dans les pays en développement [2]. Suite aux mesures rigoureuses de santé publique et la prise de conscience des dangers de la consommation du tabac dans la plupart des pays industrialisés, les firmes de production de tabac se sont orientées vers les pays du tiers monde, notamment le continent africain. Ce continent à forte croissance démographique constitue un terrain de prédilection pour promouvoir la consommation de tabac [3]

    Dans les pays industrialisés la prévalence du tabagisme féminin est élevée et avoisine celle des hommes [4]. En Afrique, particulièrement au Burkina Faso, si la consommation du tabac sous forme chiquée parait normale aussi bien pour les femmes que pour les hommes, le tabac fumé par une femme reste encore très mal perçu dans nos sociétés traditionnelles. Pourtant, l’image de la femme sûre d’elle, que les industriels du tabac ont véhiculé pendant des décennies semble avoir fait son effet. Elle se traduit par une augmentation du nombre de femmes consommatrices de tabac fumé en Afrique [5]. Au Burkina Faso, la prévalence générale du tabagisme est de 9,6% et celle des femmes de 6,4 % [6].

    La consommation du tabac est un fléau aux conséquences d’ordres socio-économiques, environnementaux et sanitaires. Dans le cadre de la lutte contre ce fléau, une unité d’aide au sevrage tabagique a été créée au Centre Hospitalier Universitaire Yalgado Ouédraogo (CHU-YO) le 24 février 2017. Cette unité apporte une aide à tout consommateur des produits du tabac désirant arrêter sa consommation.

    Si les conséquences du tabagisme ne font aucune distinction sexuelle, il est rapporté que les femmes ont, face aux hommes, plus de mal à mettre fin à leur tabagisme [7,8]. Cette étude a été mené dans le but de décrire le profil des demandeuses d’aide au sevrage tabagique reçues à l’unité d’aide au sevrage tabagique de Ouagadougou (USTO), Burkina Faso.

    METHODES 

    Cadre d’étude

    Cette étude s’est déroulée à l’USTO. C’est une unité. clinique rattachée au service de pneumologie du CHU-YO. Elle a été inaugurée le 24 février 2017 et a débuté ses activités le 05 Mai 2017. Elle accompagne les tabagiques désirant arrêter la consommation du tabac par une prise en charge pharmacologique et psycho-comportementale, dépiste et initie la prise en charge des affections liées au tabagisme. Cette unité œuvre également dans l’information et la sensibilisation des populations des villes et campagnes du Burkina Faso sur les inconvénients du tabagisme. Elle a pour perspective de se décentraliser dans d’autres grandes villes du pays et être un pool de recherche scientifique et de formation en matière de lutte contre le tabagisme.

    Type, période et population d’étude

    Il s’est agi d’une étude transversale à visée descriptive. Elle a concerné tous les individus de sexe féminin reçus à l’USTO pour une consultation d’aide au sevrage tabagique. Ont été incluses dans cette étude, les consommatrices des produits du tabac sous forme fumée reçues du 05 Mai 2017 au 05 Mai 2021 soit une période 04 années. Celles dont le dossier de consultation n’était pas totalement renseigné n’ont pas été incluses.

    Variables d’étude

    Ce sont des informations qui ont été recueillies lors de la consultation initiale d’aide au sevrage tabagique et renseignées sur une fiche de 11 pages appelée « dossier de consultation de tabacologie ». Ce dossier est utilisé pour le suivi des tabagiques reçus à l’USTO. Il comporte les parties suivantes :

    - les données sociodémographiques : le sexe, l’âge, le niveau d’étude, la situation professionnelle, la personne ou l’institution ayant orienté la tabagique vers l’USTO.

    - les antécédents pathologiques : anxiété, dépression, hypertension artérielle, diabète, asthme, drépanocytose, schizophrénie, etc.…

    - la consommation tabagique : le nombre de bâtons fumés par jour, le nombre de paquet/année, l’âge d’initiation au tabagisme, la durée du tabagisme, la forme de tabac consommée, la dépendance nicotinique.

    - le sevrage tabagique : le motif du sevrage tabagique, le nombre de tentative d’arrêt échouée, les principaux motifs de l’échecs des sevrages antérieurs, la crainte à l’arrêt du tabac, le degré de motivation du sevrage tabagique.

    - les autres consommations : cannabis, alcool, café, thé, cola ou autres.

    - le coût lié à la consommation du tabac : dépense moyenne directement liée à la consommation de tabac par semaine (en franc CFA), revenu approximatif de la consommatrice.

    Définitions opérationnelles 

     Le test Hospital Anxiety Depression (HAD) a été utilisé dans cette étude pour identifier les individus présentant des troubles anxiodépressifs avec des seuils fixés à 11 pour chacune des deux sous-échelles, permettant de dépister un état anxieux et/ou dépressif actuel [9].

    Le degré de dépendance au tabac a été évalué par le test de Fagerström :  un score entre 0 et 2 correspondait à une absence de dépendance, entre 3 et 4 à une dépendance faible, entre 5 et 6 à une dépendance moyenne et entre 7 et 10 à une dépendance forte [10].

    L’échelle de Richmond a servi à apprécier le degré de motivation à l’arrêt de la consommation de tabac (0-6 : motivation faible ou moyenne, 7-9 : bonne motivation, 10 : très bonne motivation) [11].

    Collecte et analyse des données

    Les données ont été collectées à partir des « dossiers de consultation de tabacologie » sus décrit. Elles ont été saisies et analysées avec le logiciel Excel. La description des variables qualitatives a fait appel au calcul de pourcentage et celle des variables quantitatives au calcul de moyenne avec un écart type.

    Considérations éthiques et déontologiques

    Nous nous sommes engagés à ce que cette étude soit réalisée en conformité avec les lois bioéthiques et avec les bonnes pratiques cliniques.

    RESULTATS 

    Caractéristiques socioprofessionnelles

    Sur un total de 1139 demandeurs d’aide au sevrage tabagique reçus au cours de ladite période, 24 étaient de sexe féminin soit une proportion de 2,10%. L’âge moyen de ces femmes était de 39,25 ans ± 13,52 avec des extrêmes de 18 à 64 ans inclus. Un niveau équivalent au secondaire était retrouvé chez 41,66% d’entre elles. Les femmes au foyer étaient les plus représentées (6/24 ; 25,00%). La majorité de ces tabagiques (9/24 ; 37,50) a été orientée à l’unité de sevrage tabagique par les médias et moins d’un quart (5/24 ; 20,83) par leur médecin. Cinq (5/24 ; 20,83%) d’entre elles étaient de nationalité non burkinabè. Le Tableau 1 détaille les caractéristiques socioprofessionnelles de ces demandeuses d’aide au sevrage tabagique.

    Antécédents pathologiques

    Les antécédents pathologiques les plus rencontrés étaient l’hypertension artérielle (7/24 ; 29,16%) et le diabète (3/24 ;12,5%). Des symptômes d’anxiété et de dépression certaines étaient retrouvés respectivement chez 50% (12/24) et 33,33% (8/24) de ces femmes. Le Tableau 2 montre la répartition des demandeuses d’aide au sevrage tabagique en fonction des antécédents pathologiques retrouvés. 

    Consommation du tabac et sevrage tabagique

    L’âge d’initiation au tabac était en moyenne de 18,03 ± 4,99 ans [12 - 30 ans]. La durée moyenne de consommation était de 18,83 ± 14,78 ans [1-54 ans]. Elles consommaient en moyenne 13,65 ± 5,65 bâtons par jour [5- 30 bâtons]. La cigarette manufacturée était la forme de tabac la plus consommée (22/24 ; 91,67 %). La dépendance au tabac était forte chez 25,00% (6/24) et le degré de motivation d’arrêt du tabac très bonne chez 54,17% (13/24) des consommatrices. Cette motivation était soutenue principalement par le « souci » de préservation de l’état de santé (16/24 ; 66,66%) et par des raisons sociales et familiales (6/24 ; 25,00 %). Les craintes à l’arrêt du tabac chez ces dernières étaient dominées par la difficulté à supporter le syndrome de manque (15/24 ; 58,34%) et la prise de poids (3/24 ;12,50%). Neuf (9/24 ; 37,50%) de ces consommatrices de tabac avaient pu arrêter cette intoxication pendant au moins 07 jours. Ces dernières ont rechuté pour la plupart à cause de la compagnie (6/9 ; 66,66%). Le Tableau 3 détaille les caractéristiques du tabagisme de la population d’étude. 

    Consommations associées, dépenses liées au tabac et revenue des tabagiques

    Une consommation quotidienne d’alcool était retrouvée chez 7/24 (29,16%) d’entre elles et 2/24 (8, 33%) consommaient régulièrement du cannabis en plus du tabac. Le coût hebdomadaire moyen consacré au tabagisme était de 3139,52±1971,43 francs CFA avec des extrêmes de 200 et 7500 francs CFA. La majorité (15/24 ; 62,50%) de ces femmes dépensait entre 1000 et 5000 francs CFA par semaine pour leur consommation tabagique. Les demandeuses d’aide au sevrage avaient pour la plupart (10/24 ; 41,67%) un revenu mensuel allant de 30 684 à 100 000 francs CFA (Tableau 4).

    DISCUSSION 

    Le tabagisme féminin est une réalité au Burkina Faso comme l’atteste sa prévalence qui était de 6,4 % en 2021 [6]. Cependant, très peu de femme sont demandeuses d’aide au sevrage tabagique. Entre 2017 et 2021, seulement 24 femmes consommatrices de tabac fumé ont été reçues soit 2,10% de l’ensemble des demandeurs d’aide au sevrage tabagique reçus à l’USTO. Cette faible proportion pourrait s’expliquer par la peur des préjugés car le tabagisme féminin (tabac fumé) demeure un tabou tenace dans nos sociétés. En Afrique, la majorité des fumeuses se cache lors de leur intoxication [5]. Aussi, moins d’un quart de ces femmes était orienté vers l’unité de sevrage tabagique par leur médecin. Ce faible taux d’implication des médecins dans l’accompagnement des tabagiques pourrait s’expliquer par le dépistage non systématique du tabagisme chez leurs patientes mais aussi par le manque d’information sur l’existence de cette nouvelle unité de sevrage qui n’a ouvert ses portes qu’en Février 2017. Il s’avère donc nécessaire de renforcer les campagnes d’information et de sensibilisation sur le dépistage et l’accompagnement des tabagiques.

    De façon générale, le tabagisme concerne plus les sujets ayant un faible niveau d’instruction [12]. Cependant, le tabac fumé concerne plus les femmes instruites en Afrique [5]. Ces dernières sont plus facilement exposées à l’impact négatif de la publicité des industries du tabac. Aussi, ces femmes étant pour la plupart partisante de l’émancipation de la femme et de l’égalité des sexes, adopteraient plus facilement certains comportements des hommes tels que le tabagisme. Dans la présente étude, la plupart des femmes avait un niveau d’étude équivalent au secondaire (41,66%) ou au supérieur (29,16%). Contrairement à l’opinion publique burkinabè qui croirait que le tabagisme féminin ne concernait que des non burkinabè surtout occidentales, la majorité de notre population était burkinabè avec un âge moyen de 39,25 ans ± 13,52. Même si les accidents cardio-vasculaires sont relativement moins fréquents à cet âge, ils sont possibles chez la femme qui fume. Le tabagisme expose les femmes à un risque d’accidents cardio-vasculaires supérieur à celui des hommes [13]. Aussi, l’association du tabac et la contraception orale multiplie par plus de 09 fois le risque de maladie cardiovasculaire [14]. Les pathologies cardiovasculaires étaient les antécédents le plus retrouvés dans notre étude. La moitié (50%) de ces demandeuses d’aide au sevrage tabagique avait des symptômes d’anxiété certaine contre 33,33% de symptômes dépressifs certains. Ces résultats corroborent plusieurs autres études africaines [15,16]. En effet, l’existence de lien entre trouble anxio-dépressif et tabagisme a été établi. Il a été admis que la consommation du tabac permettait au tabagique de contrôler son anxiété en agissant comme une automédication. L’arrêt du tabac peut améliorer les symptômes d’anxiété mais risque d’entrainer une recrudescence des symptômes dépressifs [17,18]. Cela contribue à rendre plus difficile l’arrêt de cette intoxication.

    Arrêter de fumer avant 30 ans est pratiquement une garantie de retrouver le profil d’espérance de vie d’un sujet n’ayant jamais fumé [19]. Mais, pour assurer son devenir cardio-vasculaire le mieux est assurément de ne pas commencer. L’âge d’initiation au tabac était en moyenne de 18,03 ans dans notre étude. Il était de 19 ans dans une autre étude ouest africaine [20], de 16,5 ans au Maroc [21] et de 17 ans au Vietnam [22].  C’est à cet âge que les choix sont déterminants pour l’avenir.  Autour de 90% des fumeurs qui mourront de leur tabagisme ont commencé à fumer avant 20 ans [23]. Plus le début est précoce, plus la dépendance est forte et il est difficile d’arrêter. Un quart de notre population d’étude avait une forte dépendance au tabac. Plus de la moitié (54,17%) d’entre elle avait une très bonne motivation à arrêter leur consommation. Cette motivation était soutenue principalement par le « souci » de préserver leur état de santé (66,66%). En effet, la plupart des tabagiques est consciente des effets négatifs du tabagisme sur leur santé [24]. Cependant, le sevrage reste difficile à cause de la dépendance nicotinique, mais pas seulement. D’autres facteurs contribuent au maintien de cette intoxication. Tous les neuf (09) tabagiques qui avaient pu arrêter pendant au moins sept (07) jours dans notre étude ont rechuté. La compagnie était la cause de la rechute dans la majorité des cas (66,66%). Certaines avaient émis des craintes à l’arrêt du tabac. Ces craintes étaient dominées par la difficulté à supporter le syndrome de manque (58,34%) et la prise de poids (12,50%). Le sevrage tabagique nécessite une prise en charge globale prenant en compte le tabagique lui-même mais aussi son environnement. L’intoxication au tabac s’accompagne souvent d’autres addictions notamment l’alcool [25]. Une consommation quotidienne d’alcool était retrouvée chez 29,16% et 8, 33% d’entre elles consommaient régulièrement du cannabis en plus du tabac.  Le coût hebdomadaire moyen consacré au tabagisme était de 3139,52±1971,43 francs CFA avec des extrêmes de 200 et 7500 francs CFA. La majorité (62,50%) d’entre elle dépensait entre 1000 et 5000 francs CFA pour leur consommation tabagique. 

    Le revenu mensuel était pour la plupart d’entre elle inférieur à 100 000 francs CFA et 33,33% d’entre elles avaient moins du salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG) burkinabè [26]. Ces revenus correspondent à un niveau socioéconomique bas au Burkina Faso [27].

    Cette étude a permis de décrire le profil socio professionnelle, clinique et économique des demandeuses d’aide au sevrage reçues à l’USTO. Cependant, des biais inhérents au caractère rétrospectif de la collecte pourrait être relevés. Aussi, en ce qui concerne la consommation tabagique, seule la cigarette manufacturée est considérée par le dossier de consultation tabacologique de l’USTO, rendant difficile l’appréciation de la consommation des autres formes de tabac (notamment les cigarillos, les cigares, la chicha, la pipe, ect..). Cela pourrait être à l’origine d’un biais d’appréciation du score de fagerstrom.  L’utilisation d’autre outil d’appréciation de la dépendance nicotinique devrait être envisagée.

    CONCLUSION

    Le tabagisme féminin est une réalité au Burkina Faso mais très peu de femmes sont demandeuses d’aide au sevrage tabagique. Celles qui en demandent sont à majorité des adultes jeunes, instruites, le plus souvent anxieuses chez qui on retrouve surtout des antécédents cardiovasculaires. Elles sont également d’un niveau socioéconomique modeste pour la plupart. Après avoir décrit le profil des demandeuses d’aide au sevrage tabagique de l’USTO, il s’avère nécessaire de préciser plus tard les facteurs associés à ce tabagisme quand leur nombre sera plus important afin de mieux outiller la lutte contre ce fléau.

    CONFLIT D’INTERET

    Les auteurs déclarent ne pas avoir de lien d’intérêt.

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    Figures - Tables

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    ARTICLE INFO  DOI: 10.12699/jfvpulm.14.43.2023.54

    Conflict of Interest
    Non   

    Date of manuscript receiving
    25/01/2023   

    Date of publication after correction
    25/06/2023 

    Article citation

    Ouédraogo G, Bougma G, Boncoungou K, Kunakey E, Ouédraogo A.R, Ouédraogo J, Zida D, Minoungou J.C, Badoum G, Ouédraogo M. Ouagadougou Smoking Cessation Unit: Who are the women seeking help ?. J Func Vent Pulm  2023;43(14):54-60